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Aux étrangers diplômés à Cuba
À l'occasion du 45è anniversaire de la Révolution Cubaine

(Article de réflexion)

Dr Ilanga Ilunga
Neuro-chirurgien pédiatrique

Je vous remercie de me donner la possibilité de donner une forte accolade

virtuelle à ce peuple courageux qui nous a accueillis en son sein pendant

notre formation et qui a partagé avec nous le peu qu'il avait.

 

Nous sommes des êtres historiques au sein de sociétés et de cultures dans un

temps et un espace déterminés et l'histoire de Cuba reste gravée dans notre

mémoire. Nous, les pauvres, conservons notre passé. Mais nous sommes sur le

point de divorcer de notre culture et de considérer que nous devons acquérir

au cours d'heures de loisirs une culture irréelle, statique. Si la culture

ne transparaît pas dans tout ce que nous faisons, nous ne sommes pas

cultivés. L'artiste n'est pas un homme spécial mais tout homme qui n'est pas

un artiste dans un domaine ou un autre, est un homme sans vocation. C'est ce

que veulent les puissants de la Terre : que nous n'ayons pas de vocation.

 

Notre mémoire est un témoin vivant de la souffrance imposée au peuple cubain

qui continue à collaborer avec ses maigres ressources pour que nous soyons

des femmes et des hommes cultivés au service de l'humanité. Les

impérialistes ne pourront jamais accepter la logique de la pensée "être

cultivés pour être libres". C'est la raison pour laquelle ils nous plongent

dans l'ignorance et l'analphabétisme, nous font miroiter les mirages de leur

société, malade en tant que modèle. Souvent, cela ne nous permet pas de

reconnaître le mal et son antidote. Pour cela, notre gratitude va à la

solidarité du peuple cubain, de son gouvernement et de son avant-garde sous

la conduite de notre frère aîné Fidel.

 

Nous, les quelque 40000 étrangers qui avons reçu notre diplôme au cours de

ces 45 ans depuis le triomphe de la Révolution cubaine, nous sommes le

résultat de cette bataille gagnée par le peuple de Marti et de Fidel. Ce

peuple nous a donné la possibilité d'avoir une vocation pour lutter en

faveur d'une société saine dont le sens profond touche tous les domaines de

la vie quotidienne.

 

Le moment qu'il a été donné de vivre à notre génération doit plus que jamais

être caractérisé par les idées et l'exemple des héros qui ont défendu avec

leur vie la liberté et la dignité du genre humain contre l'asservissement et

l'exploitation de la planète Terre.

 

Ces héros, qui ne sont plus parmi nous comme Toussaint Louverture, Simon

Bolivar, José Marti, Benito Juarez, Hamed Mokhtar, le Mahatma Gandhi, Ho Chi

Minh, Nkuami Nkrumah, Patrice Lumumba, Mundlani, Samora Machel et Ernesto

Che Guevara - le plus grand penseur du 20è siècle - ont démontré par le

sacrifice de leur vie que "la Patrie c'est l'humanité".

 

Aujourd'hui, nous sommes face aux actions de la culture occidentale qui

détruisent les mythes et dont le but fondamental est de remplacer une

société saine par une effusion délirante, basé sur une mentalité malade et

féroce, régie par le calcul froid d'un groupe réduit de technocrates qui ont

les préjugés et l'arrogance modernistes de ceux qui se réclament du progrès

infini et de la suprématie raciale. La technologie, le pouvoir militariste

et la relégation habituelle au niveau de sous homme des cultures de pauvres

taxées de "primitives" ou "sauvages" ont mis à nu le fait que la société

contemporaine du monde développé est malade.

 

La monstrueuse orgie de barbarie fasciste dans l'Europe civilisée et

cultivée, l'incertitude angoissante que peut impliquer la révolution

scientifique et technique étasunienne, déclenche un sentiment d'inquiétude

et font naître l'état d'esprit propre à une situation apocalyptique sans

issue, plus encore en ce 21è siècle avec la résurgence du fascisme et la

volonté de beaucoup d'être les maîtres du monde. La naissance d'une nouvelle

échelle de valeurs déterminée par la suprématie étasunienne, entérinée par

les Nations Unies a permis au grand empereur cow-boy de prétendre faire de

tous les habitants de la planète des animaux domestiques. Avec ce blanc

seing reçu de la part de l'organisme dans lequel l'humanité a déposé sa

confiance, le gouvernement étasunien a fait légitimer le génocide de peuples

entiers et s'est mis à l'abri de tout jugement par un tribunal

international, se voyant ainsi attribuer le droit de tuer en toute impunité.

L'Organisation des Nations Unies a été utilisée pour désarmer les pauvres et

déblayer la voie aux conquêtes du nouvel empire. Ils nous accusent d'être

des trafiquants de drogue, de posséder des armes d'extermination massive, de

violer les droits de l'Homme et d'être des terroristes. Dans d'autres cas,

ils inventent des missions humanitaires comme en Somalie.

 

Cela est encore frais dans nos mémoires. Nous n'oublions pas les faits qui

ont entouré l'assassinat de Patrice Lumumba qui ont ébranlé en 1961 le

caractère démocratique de l'ONU, organisme converti en une transnationale

chargée de reconstruire ce qui a été détruit par l'empire étasunien.

 

Ils inventent une théorie des ethnies. Nous nous demandons à propos des

guerres ethniques : de quelles industries d'armement moderne nos ethnies

disposent-elles ? Si elle existent, ce sont les industries de la lance, la

flèche et la machette. Alors, où avons-nous acquis les armes, qui nous les a

fournies et pourquoi ? La technique dégradante du monopole de l'information

trompe le monde. Elle affirme que nous sommes des sauvages et que nous nous

entretuons. Qu'y a-t-il derrière ce leitmotiv mensonger ? Une horde fasciste

prête à nous spolier de nos richesses. C'est pourquoi il est si important

pour eux de nous maintenir dans l'ignorance, dans l'obscurantisme et de

fomenter des guerres fratricides entre ethnies.

 

Cuba, pays pauvre, sans ressources, est harcelée sur tous les fronts pour

empêcher son développement en tant que nation libre, on lui interdit de

mener à bien en paix le programme humanitaire destiné à son peuple et de

poursuivre la globalisation de la solidarité humaine envers ceux qui n'ont

rien. Grâce à la solidarité de plus de 40000 personnes qui ont reçu leur

diplôme sur la terre de Marti et de Fidel, nous avons la possibilité de

trouver un antidote pour avancer vers un monde meilleur.

 

Les gouvernants du Grand empire du soleil couchant ne pardonne pas à Cuba

ses 45 ans de Révolution, son "non" à la mendicité, à la servilité et à la

soumission; ils ne pardonnent pas son courage au peuple qui a décidé il y a

45 ans de "mourir face au soleil". Sans en arriver à l'extrémité de la

guerre, la propagande subliminale est un bon exemple de la pollution

intérieure de l'empire étasunien terriblement destructif dans lequel

confluent avec une efficacité chaque jour plus grande la technocratie et le

pouvoir délirant.

 

La société des puissants tue les mythes et acquiert cet aspect à la fois

dual et complémentaire. Elle a aussi son élément mythique rituel dont

l'objectif est la mort. La guerre moderne unit technocratie et pouvoir

délirant. C'est le comble de l'industrie d'armement sophistiqué mettant en

selle un gouvernement vociférant qui se dispose à institutionnaliser la

destruction de l'humanité par l'intermédiaire des organismes internationaux.

Nous avons devant les yeux trois exemples douloureux, récents et encore en

cours d'évolution: les guerres d'Afghanistan et d'Irak et - goutte de whisky

qui a fait déborder le verre - l'enlèvement du Président constitutionnel

d'Haïti.

 

Les dettes et les bombardements des pauvres ne sont pas seulement un

châtiment mais aussi une manière de nous dominer, de nous faire peur, et de

nous réduire en esclavage sans alternative que la soumission.

 

Les bombardements avec des armes de plus en plus complexes et sophistiquées

qui se poursuivent aujourd'hui, outre les morts qu'ils occasionnent, sont le

couronnement d'une conduite culturelle qui tue les mythes et qui nous

ramène au nazisme de Hitler, au fascisme de Mussolini et au phalangisme de

Franco.

 

Le mutisme des Sumériens est de retour. Nous sommes en présence de la

destruction des premiers documents écrits de l'Histoire qui sont conservés

dans les musées, écrasés sous les "bombes intelligentes" et pillés sans

merci.

 

Notre société qui copie les modèles de l'Occident européen et des

États-Unis, brosse un pays imaginaire dans lequel le meurtre du mythe en

arrive au langage quotidien. Toute culture est le point où elle se montre

elle-même dans toute sa nudité, expose ses grandeurs et ses misères. De

cette manière, dans notre contexte, non seulement le mot "mythe" a perdu son

sens originel mais a pris une signification péjorative.

 

Les crises de l'anthropologie évolutive arrivent du point de vue historique

à leur point culminant quand leurs armes se retournent contre ceux qui les

ont inventées. Une société qui est censée être héritière et guide des

libertés qui se jactent d'avoir retrouvé la démocratie au sortir d'années de

dictature est une société qui devrait au monde le respect des droits de

l'individu, une société qui pénètre au tréfonds de l'Homme, dans ses

pulsions les plus intimes. La liberté n'est pas possible dans un milieu où

l'on nous bombarde tous les jours de tous les médias possibles, où notre vie

quotidienne est contaminée par une soif constante de consommation.

 

Des sémiologues, des psychologues sociaux, des équipes entières de

technocrates payés par des transnationales étudient la manière de pénétrer

dans l'intimité de groupes humains de plus en plus vastes, de créer

silencieusement chez les gens des besoins qu'ils n'auraient pas ressentis

dans des conditions normales.

 

L'immense oil occulte des sondages pénètre au fond de leurs motivations, les

sélectionne par âge, niveau culturel, régions et cherche les moyens les plus

subtils et surprenants pour les manipuler. Cette collaboration entre le

délire et la technique est ce que nous avons coutume d'appeler des "pasteurs

électroniques", directeurs de véritables entreprises qui appliquent les

principes de la propagande subliminale et de la manipulation consciente et

inconsciente pour faire de la sainteté un produit à vendre. La religion a

toujours été un facteur de pouvoir mais l'utilisation de la technologie

moderne, de la technocratie et du pouvoir délirant ensemble en font

aujourd'hui un des moyens les plus dangereux de domination.

 

Notre immigration temporaire et volontaire à Cuba entre dans le cadre de la

solidarité avec les peuples opprimés afin d'acquérir des connaissances d'un

haut niveau et, en ce moment, le peuple cubain a besoin de notre solidarité.

Aujourd'hui, Cuba est harcelée par l'empire car elle refuse de vivre dans la

servilité, elle s'oppose aux nouveaux objectifs et aux nouvelles directives

culturelles données par le conquérant impérial et entend maintenir

l'identité cubaine.

 

Personne ne connaît aussi bien que nous les réalités de ce peuple parce que

nous avons vécu avec lui pendant nos études et que nous avons partagé les

multiples difficultés imposées par le voisin du Nord. Aujourd'hui, il nous

appartient de témoigner de la vérité de ce que nous avons vécu à cuba. À

n'importe quel endroit où nous nous trouvons, soyons les ambassadeurs de

cette vérité.

 

Jusqu'à la victoire sur le fascisme du 21è siècle.

 

Avril 2004