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Aux étrangers diplômés à
Cuba (Article de réflexion) Dr Ilanga Ilunga Je vous remercie de me donner la possibilité de donner une forte accolade virtuelle à ce peuple courageux qui nous a accueillis en son sein pendant notre formation et qui a partagé avec nous le peu qu'il avait.
Nous sommes des êtres historiques au sein de sociétés et de cultures dans un temps et un espace déterminés et l'histoire de Cuba reste gravée dans notre mémoire. Nous, les pauvres, conservons notre passé. Mais nous sommes sur le point de divorcer de notre culture et de considérer que nous devons acquérir au cours d'heures de loisirs une culture irréelle, statique. Si la culture ne transparaît pas dans tout ce que nous faisons, nous ne sommes pas cultivés. L'artiste n'est pas un homme spécial mais tout homme qui n'est pas un artiste dans un domaine ou un autre, est un homme sans vocation. C'est ce que veulent les puissants de la Terre : que nous n'ayons pas de vocation.
Notre mémoire est un témoin vivant de la souffrance imposée au peuple cubain qui continue à collaborer avec ses maigres ressources pour que nous soyons des femmes et des hommes cultivés au service de l'humanité. Les impérialistes ne pourront jamais accepter la logique de la pensée "être cultivés pour être libres". C'est la raison pour laquelle ils nous plongent dans l'ignorance et l'analphabétisme, nous font miroiter les mirages de leur société, malade en tant que modèle. Souvent, cela ne nous permet pas de reconnaître le mal et son antidote. Pour cela, notre gratitude va à la solidarité du peuple cubain, de son gouvernement et de son avant-garde sous la conduite de notre frère aîné Fidel.
Nous, les quelque 40000 étrangers qui avons reçu notre diplôme au cours de ces 45 ans depuis le triomphe de la Révolution cubaine, nous sommes le résultat de cette bataille gagnée par le peuple de Marti et de Fidel. Ce peuple nous a donné la possibilité d'avoir une vocation pour lutter en faveur d'une société saine dont le sens profond touche tous les domaines de la vie quotidienne.
Le moment qu'il a été donné de vivre à notre génération doit plus que jamais être caractérisé par les idées et l'exemple des héros qui ont défendu avec leur vie la liberté et la dignité du genre humain contre l'asservissement et l'exploitation de la planète Terre.
Ces héros, qui ne sont plus parmi nous comme Toussaint Louverture, Simon Bolivar, José Marti, Benito Juarez, Hamed Mokhtar, le Mahatma Gandhi, Ho Chi Minh, Nkuami Nkrumah, Patrice Lumumba, Mundlani, Samora Machel et Ernesto Che Guevara - le plus grand penseur du 20è siècle - ont démontré par le sacrifice de leur vie que "la Patrie c'est l'humanité".
Aujourd'hui, nous sommes face aux actions de la culture occidentale qui détruisent les mythes et dont le but fondamental est de remplacer une société saine par une effusion délirante, basé sur une mentalité malade et féroce, régie par le calcul froid d'un groupe réduit de technocrates qui ont les préjugés et l'arrogance modernistes de ceux qui se réclament du progrès infini et de la suprématie raciale. La technologie, le pouvoir militariste et la relégation habituelle au niveau de sous homme des cultures de pauvres taxées de "primitives" ou "sauvages" ont mis à nu le fait que la société contemporaine du monde développé est malade.
La monstrueuse orgie de barbarie fasciste dans l'Europe civilisée et cultivée, l'incertitude angoissante que peut impliquer la révolution scientifique et technique étasunienne, déclenche un sentiment d'inquiétude et font naître l'état d'esprit propre à une situation apocalyptique sans issue, plus encore en ce 21è siècle avec la résurgence du fascisme et la volonté de beaucoup d'être les maîtres du monde. La naissance d'une nouvelle échelle de valeurs déterminée par la suprématie étasunienne, entérinée par les Nations Unies a permis au grand empereur cow-boy de prétendre faire de tous les habitants de la planète des animaux domestiques. Avec ce blanc seing reçu de la part de l'organisme dans lequel l'humanité a déposé sa confiance, le gouvernement étasunien a fait légitimer le génocide de peuples entiers et s'est mis à l'abri de tout jugement par un tribunal international, se voyant ainsi attribuer le droit de tuer en toute impunité. L'Organisation des Nations Unies a été utilisée pour désarmer les pauvres et déblayer la voie aux conquêtes du nouvel empire. Ils nous accusent d'être des trafiquants de drogue, de posséder des armes d'extermination massive, de violer les droits de l'Homme et d'être des terroristes. Dans d'autres cas, ils inventent des missions humanitaires comme en Somalie.
Cela est encore frais dans nos mémoires. Nous n'oublions pas les faits qui ont entouré l'assassinat de Patrice Lumumba qui ont ébranlé en 1961 le caractère démocratique de l'ONU, organisme converti en une transnationale chargée de reconstruire ce qui a été détruit par l'empire étasunien.
Ils inventent une théorie des ethnies. Nous nous demandons à propos des guerres ethniques : de quelles industries d'armement moderne nos ethnies disposent-elles ? Si elle existent, ce sont les industries de la lance, la flèche et la machette. Alors, où avons-nous acquis les armes, qui nous les a fournies et pourquoi ? La technique dégradante du monopole de l'information trompe le monde. Elle affirme que nous sommes des sauvages et que nous nous entretuons. Qu'y a-t-il derrière ce leitmotiv mensonger ? Une horde fasciste prête à nous spolier de nos richesses. C'est pourquoi il est si important pour eux de nous maintenir dans l'ignorance, dans l'obscurantisme et de fomenter des guerres fratricides entre ethnies.
Cuba, pays pauvre, sans ressources, est harcelée sur tous les fronts pour empêcher son développement en tant que nation libre, on lui interdit de mener à bien en paix le programme humanitaire destiné à son peuple et de poursuivre la globalisation de la solidarité humaine envers ceux qui n'ont rien. Grâce à la solidarité de plus de 40000 personnes qui ont reçu leur diplôme sur la terre de Marti et de Fidel, nous avons la possibilité de trouver un antidote pour avancer vers un monde meilleur.
Les gouvernants du Grand empire du soleil couchant ne pardonne pas à Cuba ses 45 ans de Révolution, son "non" à la mendicité, à la servilité et à la soumission; ils ne pardonnent pas son courage au peuple qui a décidé il y a 45 ans de "mourir face au soleil". Sans en arriver à l'extrémité de la guerre, la propagande subliminale est un bon exemple de la pollution intérieure de l'empire étasunien terriblement destructif dans lequel confluent avec une efficacité chaque jour plus grande la technocratie et le pouvoir délirant.
La société des puissants tue les mythes et acquiert cet aspect à la fois dual et complémentaire. Elle a aussi son élément mythique rituel dont l'objectif est la mort. La guerre moderne unit technocratie et pouvoir délirant. C'est le comble de l'industrie d'armement sophistiqué mettant en selle un gouvernement vociférant qui se dispose à institutionnaliser la destruction de l'humanité par l'intermédiaire des organismes internationaux. Nous avons devant les yeux trois exemples douloureux, récents et encore en cours d'évolution: les guerres d'Afghanistan et d'Irak et - goutte de whisky qui a fait déborder le verre - l'enlèvement du Président constitutionnel d'Haïti.
Les dettes et les bombardements des pauvres ne sont pas seulement un châtiment mais aussi une manière de nous dominer, de nous faire peur, et de nous réduire en esclavage sans alternative que la soumission.
Les bombardements avec des armes de plus en plus complexes et sophistiquées qui se poursuivent aujourd'hui, outre les morts qu'ils occasionnent, sont le couronnement d'une conduite culturelle qui tue les mythes et qui nous ramène au nazisme de Hitler, au fascisme de Mussolini et au phalangisme de Franco.
Le mutisme des Sumériens est de retour. Nous sommes en présence de la destruction des premiers documents écrits de l'Histoire qui sont conservés dans les musées, écrasés sous les "bombes intelligentes" et pillés sans merci.
Notre société qui copie les modèles de l'Occident européen et des États-Unis, brosse un pays imaginaire dans lequel le meurtre du mythe en arrive au langage quotidien. Toute culture est le point où elle se montre elle-même dans toute sa nudité, expose ses grandeurs et ses misères. De cette manière, dans notre contexte, non seulement le mot "mythe" a perdu son sens originel mais a pris une signification péjorative.
Les crises de l'anthropologie évolutive arrivent du point de vue historique à leur point culminant quand leurs armes se retournent contre ceux qui les ont inventées. Une société qui est censée être héritière et guide des libertés qui se jactent d'avoir retrouvé la démocratie au sortir d'années de dictature est une société qui devrait au monde le respect des droits de l'individu, une société qui pénètre au tréfonds de l'Homme, dans ses pulsions les plus intimes. La liberté n'est pas possible dans un milieu où l'on nous bombarde tous les jours de tous les médias possibles, où notre vie quotidienne est contaminée par une soif constante de consommation.
Des sémiologues, des psychologues sociaux, des équipes entières de technocrates payés par des transnationales étudient la manière de pénétrer dans l'intimité de groupes humains de plus en plus vastes, de créer silencieusement chez les gens des besoins qu'ils n'auraient pas ressentis dans des conditions normales.
L'immense oil occulte des sondages pénètre au fond de leurs motivations, les sélectionne par âge, niveau culturel, régions et cherche les moyens les plus subtils et surprenants pour les manipuler. Cette collaboration entre le délire et la technique est ce que nous avons coutume d'appeler des "pasteurs électroniques", directeurs de véritables entreprises qui appliquent les principes de la propagande subliminale et de la manipulation consciente et inconsciente pour faire de la sainteté un produit à vendre. La religion a toujours été un facteur de pouvoir mais l'utilisation de la technologie moderne, de la technocratie et du pouvoir délirant ensemble en font aujourd'hui un des moyens les plus dangereux de domination.
Notre immigration temporaire et volontaire à Cuba entre dans le cadre de la solidarité avec les peuples opprimés afin d'acquérir des connaissances d'un haut niveau et, en ce moment, le peuple cubain a besoin de notre solidarité. Aujourd'hui, Cuba est harcelée par l'empire car elle refuse de vivre dans la servilité, elle s'oppose aux nouveaux objectifs et aux nouvelles directives culturelles données par le conquérant impérial et entend maintenir l'identité cubaine.
Personne ne connaît aussi bien que nous les réalités de ce peuple parce que nous avons vécu avec lui pendant nos études et que nous avons partagé les multiples difficultés imposées par le voisin du Nord. Aujourd'hui, il nous appartient de témoigner de la vérité de ce que nous avons vécu à cuba. À n'importe quel endroit où nous nous trouvons, soyons les ambassadeurs de cette vérité.
Jusqu'à la victoire sur le fascisme du 21è siècle.
Avril 2004 |