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Evénements ayant conduit à l'arrestation des 5 - Révélations de Fidel Castro (discours du 20 mai 2003)

 

12 avril 1997. Explosion d'une bombe dans la discothèque Aché de l'hôtel Meliá Cohíba. C'est le premier d'une série d'attentats contre des hôtels réalisée par le réseau monté en Amérique centrale par Luis Posada Carriles et financée par la Fondation nationale cubano-américaine (FNCA).

30 avril 1997. Des forces spécialisées du ministère de l'Intérieur désamorcent une bombe découverte au quinzième étage de l'hôtel Meliá Cohíba.

12 juillet 1997. Deux explosions quasi simultanées aux hôtels Capri et Nacional. Quatre blessés.

4 août 1997. Explosion d'une bombe à l'hôtel Meliá Cohíba.

11 août 1997. Le Conseil d'administration de la Fondation nationale cubano-américaine publie un communiqué triomphaliste et cynique où il présente les explosions dans les hôtels comme « des incidents de rébellion interne se succédant dans l'île depuis plusieurs semaines. que la FNCA. soutient sans ambages ni réserves. »

4 septembre 1997. Explosions dans les hôtels Capocabana, Château et Triton, et au restaurant La Bodeguita del Medio. Le jeune touriste italien Fabio di Celmo perd la vie dans le premier attentat.

Du 17 octobre 1992 au 30 avril 1997, les autorités cubaines avaient recensé treize graves actions de cette nature, visant tout spécialement les installations touristiques et financées dans leur quasi-totalité par la Fondation nationale cubano-américaine. Elles firent donc parvenir un rapport circonstancié au président des Etats-Unis par l'intermédiaire d'une personnalité politique éminente ayant réalisé une visite privée dans l'île début mai. Par ailleurs, elles avaient aussi adressé de nombreuses notes diplomatiques à l'administration étasunienne par l'intermédiaire de la Section des intérêts des USA (SINA) à La Havane.

1er octobre 1997. À 23 heures, Michael Kozak, chef de la SINA, téléphone au ministère cubain des Relations extérieures (MINREX) pour lui faire part d'une information en provenance d'un pays tiers selon laquelle un attentat à la bombe risquait d'être perpétré contre une installation touristique de La Havane, dans les prochaines vingt-quatre heures, soit le 1er ou le 2 octobre, qu'il n'avait pas été possible de confirmer cette information, mais qu'il souhaitait que les autorités cubaines la connaissent.

2 octobre 1997. Le MINREX convoque le chef de la SINA dans la matinée pour obtenir des précisions sur cette information et pour l'en remercier officiellement.

5 octobre 1997. Le MINREX convoque le chef de la SINA pour lui lire le message suivant et lui en remettre une copie : « En ce qui concerne l'information relative à un attentat éventuel dans une installation touristique de La Havane les 1er ou le 2 octobre, nous tenons à dire que, même si aucune explosion ne s'est produite, nous avons pu vérifier que ladite information était rigoureusement exacte et que ses caractéristiques étaient similaires à celles des attentats antérieurs.

« Estimant que ceci peut être intéressant et utile aux autorités étasuniennes, nous tenons à vous informer que la source qui l'a fournie s'est avérée véridique. L'action s'est faite dans la plus grande discrétion souhaitée. Nous vous en savons gré. »
Le chef de la SINA a répondu que l'information fournie était utile ; qu'ils l'avaient obtenue sans avoir pu la confirmer, car il s'agissait de rumeurs ; qu'ils pouvaient maintenant faire davantage confiance à la source ; que lui-même se rendrait à Washington le dimanche suivant et qu'il emporterait cette information qu'il jugeait positive ; que s'ils obtenaient davantage d'informations de la part de cette source, ils sauraient comment agir ; qu'ils n'avaient découvert rien de nouveau dans les investigations faites aux USA, mais qu'ils les poursuivaient en Amérique centrale, surtout après l'article publié par le Miami Herald. Le chef de la SINA a affirmé que toute information dont disposerait Cuba et qu'elle pourrait fournir aux USA serait très utile, et il a conclu en affirmant que « c'était bon ».

7 mars 1998. Le chef de la SINA demande à être reçu d'urgence au MINREX afin de faire parvenir une information sensible, provenant d'une source dont la véracité n'a pas été déterminée, selon laquelle un groupe d'exilés cubains se propose de réaliser un attentat à la bombe à Cuba entre le 7 et le 8 mars. Qu'elle ignorait le lieu, la date et l'objectif concrets, mais que les explosifs étaient déjà dans l'île.

9 mars 1998. Le ministre des Relation extérieures reçoit le chef de la SINA et lui lit la note ci-après :

Au sujet de l'information verbale offerte samedi dernier, 7 mars, concernant des plans d'attentat terroristes organisés par des exilés cubains les 7 ou 8 mars courant, et le fait que les explosifs étaient déjà à Cuba, nous tenons à vous communiquer ce qui suit :

1.      Il s'est avéré une fois de plus que les sources d'informations des autorités étasuniennes sur ces activités étaient absolument dignes de foi.
2.      Mercredi dernier, 4 mars, dans l'après-midi, les autorités ont arrêté deux personnes en provenance de l'étranger et porteuses d'explosifs et de moyens grâce auxquels elle se proposaient, sous promesse de paiement en liquide pour chaque bombe, de réaliser quatre actions terroristes semblables à celles qui ont été commises auparavant, organisées de la même manière, dans le même but et selon les mêmes méthodes.
3.      Les autorités cubaines tentent de réunir la plus grande quantité d'information supplémentaire possible.
4.      Ces faits criminels sont extrêmement graves et portent préjudice non seulement à Cuba et aux USA, mais encore à d'autres pays de la région. Nous avons le devoir d'empêcher qu'ils se réalisent impunément. Ceci ne serait pas difficile si les Etats-Unis et Cuba coordonnaient la lutte contre ces actions par l'intermédiaire de leurs organes correspondants. C'est d'ailleurs ce qui s'est fait dans certains cas de trafic de drogues, avec le plus grand sérieux et dans la plus grande discrétion.
5.      Nous n'avons pas donné d'information publique de ces faits à ce jour, compte tenu de certaines démarches et investigations en cours de notre part, mais il ne sera pas possible de ne pas les rendre public en temps opportun.
6.      Nous vous remercions sincèrement de l'information fournie. Une fois la lecture conclue, le chef de la SINA a tout d'abord remercié et félicité les autorités cubaines de leur efficacité. Il a ajouté que, si nous disposions de plus d'informations ou de pistes à suivre pour pouvoir déterminer qui contrôle ou soutient lesdites activités, il serait très utile que nous les fournissions au gouvernement étasunien, car celui-ci est fermement décidé à poursuivre les responsables de ces actions et à appliquer la loi contre eux. Il a insisté sur le fait que les autorités étasuniennes n'avaient pas d'information sur le dirigeant de ces actions, que plusieurs personnes avaient des antécédents, mais que toutes ne vivaient pas, ou travaillaient ou passaient par Miami, voire par les Etats-Unis ; que certaines vivaient à l'étranger, si bien qu'il était difficile d'agir contre celles ; que l'administration étasunienne était convaincue que ces faits n'arrangeaient personne. Un fonctionnaire accompagnant le chef de la SINA a signalé qu'ils étaient très intéressés par ce que le colonel Rabeiro avait dit à la télévision : à savoir que les autorités cubaines disposaient d'enregistrements de conversations téléphoniques du terroriste salvadorien avec l'Amérique centrale, que cette information serait très utile, car elle permettrait de repérer plus aisément ceux qui contrôlent ces activités. Les fonctionnaires de la SINA ont ajouté qu'après la guerre en Amérique centrale, de nombreuses personnes d'extrême droite dans ces pays étaient impliquées dans des activités criminelles ; ils ont grandement apprécié
l'importance que revêtait le fait d'avoir pu corroborer que leur source était digne de foi et ils ont compris l'importance de la collaboration dans ce domaine. Pour conclure, ils ont de nouveau insisté sur la nécessité de partager n'importe quelle information.

18 avril 1998. Compte tenu de ces échanges positifs et ayant appris que l'écrivain Gabriel García Márquez allait se rendre prochainement aux USA et qu'il y rencontrerait William Clinton, qui, comme bien d'autres personnes dans le monde, a lu et apprécie ses livres et avec qui il avait déjà eu des rencontres, j'ai décidé de rédiger personnellement un message au président des Etats-Unis.
J'y abordais succinctement sept points. Je me bornerai ici à inclure dans ce rapport le premier point, qui a directement à voir avec les graves événements qui se déroulent de nos jours, autrement dit les actions terroristes organisées et financées depuis les Etats-Unis contre le peuple cubain. Je l'ai intitulé comme suit :

9 mai 1998. John  Boardman, chef p.i. de la SINA, est reçu au MINREX. Il a reçu des instructions, la veille au soir, de faire parvenir un message à Alarcón et au ministère. Il est incontestable que mon message était arrivé le même jour ou avait eu les effets que « Gabo » en attendait. Le chef p.i. informe donc : par une voie qu'il ignore, le gouvernement cubain a fait savoir au sien sa préoccupation justifiée que des organisations installées aux Etats-Unis aient l'intention de mener des actions terroristes contre Cuba, notamment dans le domaine du tourisme et, tout particulièrement, des actions contre des avions de passagers ayant à bord des touristes se rendant à Cuba ou en partant. Le gouvernement des Etats-Unis tenait à donner la réponse suivante :
« Le gouvernement des Etats-Unis ne possède pas d'information sur des liens existant entre des nationaux et les actes terroristes commis dans les hôtels. La presse a fait des conjectures à ce sujet, mais le gouvernement des Etats-Unis ne possède pas d'information sérieuse sur ce plan.
« Le gouvernement des Etats-Unis a présenté de nombreuses notes diplomatiques faisant état de sa disposition à analyser toute information ou toute preuve physique dont disposerait le gouvernement cubain qui fonderait ces assertions.
« Le gouvernement des Etats-Unis tient à réitérer qu'il s'agit d'une offre sérieuse. Il est prêt à recevoir toute information et à évaluer l'occasion propice permettant à ses experts d'examiner toute preuve physique dont le gouvernement cubain disposerait à cet égard.
« Le gouvernement des Etats-Unis exprime son inquiétude devant ces actions terroristes et se dit prêt à agir à partir de ces informations pour faire appliquer la loi et combattre le terrorisme international. « Le gouvernement des Etats-Unis demande au gouvernement cubain de partager les informations adéquates en provenance d'autres gouvernements qui pourraient avoir une relation avec le risque d'actes terroristes concernant des vols à Cuba depuis leurs territoires. »

11 mai 1998. Remírez informe avoir été convoqué au département d'Etat pour une rencontre avec John Hamilton, qui lui a dit ce qui suit :
1. Objectif réunion était de réitérer la prise de position de la SINA de samedi dernier, et répondre à nos inquiétudes concernant des activités terroristes, et de hâter les choses par une double track diplomacy (diplomatie à deux voies).

2. Comme à d'autres occasions antérieures, ils ont pris au sérieux nos inquiétudes sur d'éventuels actes terroristes contre des installations touristiques et des avions.

3. Selon les vérifications faites par eux, aucune preuve n'indique l'existence de plans depuis les Etats-Unis.

4. Par le passé, face à nos allégations que des personnes ou des organisations, ou les deux à la fois, aux Etats-Unis pourraient être impliquées dans des actes terroristes contre Cuba, ils nous ont demandé des preuves pour pouvoir enquêter.

5. Ils tiennent à insister actuellement sur le sérieux de leur offre de mener des enquêtes et d'adopter des mesures appropriées face à toute preuve dont nous disposerions. Ce n'est pas une tentative de renvoyer la balle dans notre camp ni non plus une démarche simplement formelle.

6. Ils veulent sérieusement examiner avec nous toute preuve dont nous disposerions et en assurer le suivi jusqu'à éclaircissement. De notre côté, nous les avons remerciés de leur offre, les assurant que nous la ransmettrions à nos autorités et nous leur avons demandé si l'offre incluait la coopération entre les deux pays dans le cas d'une enquête éventuelle, ce à quoi Hamilton a répondu qu'il supposait qu'il en serait ainsi. Il a réitéré que l'offre était sérieuse et non une simple réponse diplomatique, ajoutant que le seul objectif de la réunion était celui-ci, du fait de son importance.

12 mai 1998. Le MINREX convoque le chef p.i. de la SINA et lui transmet la réponse suivante à la demande présentée le samedi 9 au nom du gouvernement des Etats-Unis. Rappelez-vous que l'entretien de Gabo à la Maison-Blanche a eu lieu le 6 :

Nos informations sont très sûres, mais par des voies très sensibles à la divulgation des sources. Nous ne pouvons pas travailler comme vous le proposez. Nous nous félicitons de savoir que vous êtes sur le qui-vive et que vous prêtez attention à ce problème. Le chef p.i. de la SINA nous a remerciés de notre prompte réponse et a fait état de sa disposition à analyser toute information que nous estimerions appropriée sans compromettre la source. Le fonctionnaire qui l'accompagnait et qui avait été décrit comme chargé des questions relatives à l'application de la loi et aux questions de sécurité, est intervenu pour affirmer que son gouvernement va suivre de près cette question par toutes les voies possibles, à travers toutes ses agences et en contact avec les différents groupes. Et qu'il vérifierait aussi auprès de services d'autres pays. Il a commenté que « de nos jours, toute menace de cette nature est intolérable ».

 

20 mai 1998. Alarcón reçoit un appel téléphonique d'Hamilton depuis Washington, qui lui explique que cet appel personnel se doit à l'importance de la question et qu'il tient à lui affirmer ce qui suit :

a.. Sur les risques d'actions terroristes contre des avions desservant Cuba : ils prennent très au sérieux l'information fournie par Cuba et ils adopteront des mesures de sécurité dans les avions partant des Etats-Unis.

b.. Pour mener d'autres actions, ils auraient besoin d'analyser les preuves que nous possédons à Cuba. Ils sont prêts à dépêcher des experts à Cuba pour les analyser avec nous.

c.. Avec les preuves reçues de nous, ils ne peuvent avertir d'autres pays d'où décollent aussi des avions vers Cuba. Au cas où nous ferions nous-mêmes ces avertissements, nous pouvons informer ces pays que les Etats-Unis seront disposés à envisager d'une manière rapide les demandes d'aide technique en vue de prévenir des incidents.

3 juin 1998. Michael Kozak, chef de la SINA, s'entretient avec Alarcón. Il l'informe des préparatifs concernant l'envoi à Cuba d'une délégation du FBI et lui remet le texte que les autorités étasuniennes pensent distribuer aux compagnies aériennes afin que la partie cubaine l'examine. Le texte est rédigé comme suit :
Nous avons reçu des informations non confirmées au sujet d'un complot visant à la pose d'engins explosifs à bord d'avions civils desservant Cuba à partir de pays latino-américains. Les personnes impliquées dans le complot prévoient de déposer un petit engin explosif à bord d'un avion afin que l'engin explose durant la prolongation du service. Selon des informations, l'engin explosif est de petite taille, contient un fusible et un chronomètre numérique pouvant être programmé jusqu'à quatre-vingt-dix-neuf heures avant.
Nous n'avons pas d'indication de cible, de site et temps concrète. Nous ne pouvons écarter la possibilité que la menace touche des opérations internationales de transport de marchandises depuis les Etats-Unis. Le gouvernement des Etats-Unis continue de chercher des informations supplémentaires en vue d'éclaircir, de vérifier ou de démentir cette menace.

4 juin 1998. Alarcón reçoit des instructions de répondre que la délégation peut venir à partir du 15.

5 juin 1998. Alarcón remet au chef de la SINA la réponse cubaine ci-après, que j'avais rédigée personnellement - je suivais la question de près, bien entendu, dès le moment où j'avais fait parvenir le message - à la proposition de circulaire présentée par les Etasuniens :
Nous n'avons pas demandé qu'on avertisse les compagnies aériennes. Ce n'est pas là une manière de faire face à ce problème, dont la solution peut et doit passer par d'autres mesures. De fait, nous avons adopté beaucoup de mesures pour protéger surtout les avions. Nous avons soulevé la question pendant des semaines jusqu'au jour où les coups que nous avions assenés en arrêtant les terroristes ici, en découvrant tous leurs plans, en obtenant les aveux des personnes arrêtées, nous ont permis de connaître tout en détail, de dénoncer ces projets, de détruire ces plans. C'est Cuba qui a détruit ces plans. Et c'est pourquoi je disais dans cette note que ce n'était pas la bonne méthode de faire face à ce problème, qu'il fallait adopter d'autres mesures.
Nul ne pourrait garantir la discrétion requise.[Et c'est bien ce qui s'est passé !] Une indiscrétion dans ce cas pourrait même gêner les investigations et entraver des mesures plus efficaces. Cette circulaire pourrait aussi provoquer la panique, causant des dommages considérables à l'économie cubaine, ce que cherchent justement les terroristes. Ce dommage toucherait en plus les lignes aériennes. Aussi ne sommes-nous pas d'accord avec un tel avertissement et nous y opposons-nous catégoriquement. Nous pouvons analyser correctement les mesures les plus judicieuses avec le groupe d'experts.

[Ils avaient eu de toute façon l'amabilité, si l'on veut, ou la politesse élémentaire de nous consulter au sujet de cette circulaire, et nous leur avons donné notre point de vue.]

À la réunion, le chef de la SINA affirme qu'il peut s'agir d'un malentendu par rapport au message initial (ils ont pensé qu'on leur demandait de faire ce genre d'avertissement) ou alors que les autorités aient pensé qu'il était de leur devoir de mettre en garde les lignes aériennes et de se protéger de réclamations éventuelles. Il a dit qu'il transmettrait la position cubaine à Washington et qu'il n'y aurait pas de circulaire.

6 juin 1998. Nouvelle réunion d'Alarcón avec le chef de la SINA. Celui-ci remet un message de son gouvernement en réponse au document cubain remis la veille, qu'il lui avait lu auparavant au téléphone et qui est rédigé comme suit : 1.      Le projet d'avertissement remis à la partie cubaine est une « circulaire d'information ». Les lois et réglementations aéronautiques des Etats-Unis exigent que l'on fournisse des circulaires d'informations aux bureaux de sécurité intérieure des lignes aériennes chaque fois que le gouvernement étasunien a des informations crédibles relatives à une menace éventuelle à l'aviation.
[Ils expliquent donc qu'il existe des lois, des réglementations qui les obligent à donner une information. D'accord, on aurait pu discuter de la façon de procéder, mais sans inclure tous ces renseignements contenus dans le message.]
2.      L'administration aéronautique fédérale émet chaque année de quinze à vingt circulaires d'information. Ce ne sont pas des documents publics. [D'accord, ce ne sont pas des documents publics, mais si vous distribuez des dizaines et des centaines de documents, ça soulève l'alarme partout, vous ne pouvez plus mener une enquête sérieuse, et c'est bien ça qui est important, faire une enquête, vérifier, apporter des preuves, découvres capturer. Je dois informer ici des arguments discutés. Je ne connais pa3.
Nos lois et réglementations nous obligent à informer sans délai les lignes aériennes dont les avions desservent Cuba depuis les USA soit directement soit par des pays tiers, ainsi que les gouvernements des dits pays tiers. Nous n'avons pas d'autre choix en l'occurrence dès que nous stimons que l'information est crédible.

[Oui, l'information était crédible, tout à fait.  Nous étions bien placés pour le savoir, comme l'ont prouvé les réponses que nous leur avons données et qui prouvaient pertinemment que les données qu'ils nous avaient fait parvenir étaient vraies, et que les auteurs de certaines actions étaient sous les verrous, même si d'autres avaient pu échapper.]

4.      Compte tenu de la nature de cette information, et de notre obligation de coopérer avec d'autres pays pour prévenir des attaques à l'aviation, nous continuons de croire important que les lignes aériennes volant depuis d'autres destinations et les gouvernements responsables soient informés par vous-mêmes ou par nous-mêmes. Si la Partie cubaine était en mesure d'avancer la réunion d'experts pour le début de la semaine prochaine (mardi ou mercredi, par exemple), nous proposerions de faire ces notifications après avoir eu l'occasion d'examiner l'information avec elle.
Si cette réunion précoce n'était pas possible, nous ferions alors ces notifications. Toute mesure additionnelle pourrait être décidée durant la réunion d'experts durant la semaine du 15 juin.
[Cette note est du 6 juin. Et une réunion comme celle qui était prévue le 15 ne s'improvise pas, ne se prépare pas en deux jours. Il faut au moins cinq ou six jours, et il était donc impossible de l'avancer au 7 juin. De fait, la réunion a eu lieu à la date prévue, le 15 juin.]

5.      Nous reconnaissons les points signalés par les autorités cubaines et nous nous efforçons d'éviter des entraves aux investigations et des dommages aux lignes aériennes et à l'économie cubaine. Nous respectons au maximum ces points dans le cadre de la discrétion limitée que nous offrent nos lois et

églementations, et dans celui de la priorité que nous accordons à la prévention d'attaques à des avions de passagers. Nous redisons que ces circulaires d'information sont une simple routine, et que, d'après notre expérience, même quand elles ont été rendues publiques, elles n'ont pas eu de retombées significatives ou durables sur le transport aérien de passagers ou de marchandises. [Je dois dire que les fonctionnaires étasuniens répondaient à chacune des questions que nous leur avions posées. Ces échanges se sont déroulés, de mon point de vue, dans un climat de bonne foi. Il n'y a pas eu de mauvaise foi.
Nous sommes tentés de mieux analyser, et nous avons constaté qu'ils insistaient sur le fait que certains instruments légaux de leur pays les contraignaient de le faire.] Ce même jour, Alarcón remet au chef de la SINA une nouvelle réponse du ministère cubain des Relations extérieures rédigée comme suit :

Nous sommes en désaccord. La publicité probable concernant cette information porte préjudice aux investigations, satisfait les terroristes et stimulent leurs plans contre l'économie cubaine. Nous ignorons et ne pouvons comprendre que des obligations légales puissent porter préjudice aux efforts consentis pour éviter des victimes humaines et des dommages matériels, alors qu'elles devraient les faciliter.

La divulgation détaillée des procédés pouvant être utilisés pour commettre de tels actes constitue une erreur inqualifiable qui peut favoriser les plans de groupes terroristes actifs ou potentiels. [Nous ne voulions pas qu'ils publient cette circulaire, parce qu'ils fournissaient des renseignements techniques sur la façon de préparer des attentats !]

Nous respectons les vues des autorités étasuniennes, mais ne sommes pas d'accord avec la façon dont on doit contrer ces activités, lesquelles doivent être analysées à partir de l'information disponible, avec le soin et la profondeur nécessaires. [On comprend tout clairement, maintenant. Il est incontestable que les autorités étasuniennes craignaient un fait de ce genre, un sabotage de ce genre se produise, et qu'on les accuse ensuite d'avoir possédé l'information et de ne pas l'avoir fait savoir aux compagnies aériennes, même si ça n'aurait servi absolument à rien, parce que les lignes aériennes n'étaient pas en mesure d'éviter un acte terroriste de cette nature, elles n'avaient pas les moyens ni les antécédents ni l'information nécessaires.]
Le chef de la SINA a dit avoir parlé à M. Dobbins, responsable de l'Amérique latine au Conseil de sécurité nationale, qui a demandé de faire connaître des commentaires supplémentaires suivants :
a.. Que les lois étasuniennes, en vertu de traités internationaux, obligent les autorités à alerter les compagnies aériennes décollant des Etats-Unis et celles qui volent à Cuba depuis d'autres pays. Leur décision de transmettre cet avertissement est une preuve qu'elles prennent notre information au sérieux et la jugent [Et ils étaient si terriblement inquiets qu'ils voulaient faire connaître cette information sur-le-champ.]
b.. En ce qui concerne le paragraphe 4 du document, Dobbins a insisté pour que nous ne l'interprétions en aucun cas comme un élément de pression. Il s'agit de ce qui suit : même si les autorités étasuniennes ont l'obligation d'informer sans délai les lignes desservant depuis les USA, l'obligation concernant celles qui décollent d'autres pays, bien qu'elle existe aussi, n'est pas aussi pressante, mais elles ne peuvent la retenir une semaine entière. Théoriquement, la réunion d'experts pourrait permettre d'aboutir à la conclusion que la menace n'est pas si imminente, mais comme le point de départ est qu'elles jugent notre information sérieuse et crédible, elles ne pourraient pas attendre aussi longtemps sans s'acquitter de leur obligation. [Je ne doute absolument pas que ces échanges de leur côté ont été faits de bonne foi. En fait, les deux parties ont fait preuve de beaucoup de sérieux, il est juste de le reconnaître.]

8 juin 1998. L'Agence fédérale de l'aviation émet la circulaire. [Celle dont nous avons parlé, à peine deux jours plus tard.]

15 juin 1998. La délégation du FBI arrive à La Havane pour soutenir des contacts avec les autorités cubaines.

16-17 juin 1998. Plusieurs réunions à La Havane entre experts cubains et fonctionnaires du FBI sur la question des plans d'attentats terroristes. La délégation du FBI reçoit une abondante information documentaire et testimoniale. Celle-ci comprend 64 folios fournissant des éléments d'enquêtes sur trente et un actes et plans terroristes contre Cuba de 1990 à 1998. La Fondation nationale cubano-américaine, impliquée dans la plupart de ces actions, a organisé et financé les plus dangeureuses, en particulier celles commises par la structure terroriste que Luis Posada Carriles dirige en Amérique centrale. Les documents remis incluent aussi des listes détaillées et des photographies des armements, des explosifs et des moyens saisis à chaque opération. 51 folios contenant des informations sur l'argent apporté par la FNCA à différents groupes terroristes pour qu'ils puissent réaliser des actions contre Cuba ; ainsi que les enregistrements de quatorze conversations téléphoniques de Luis Posada Carriles au cours desquelles celui-ci informe d'actions terroristes contre Cuba ; des informations permettant de localiser Posada Carriles, telles que les adresses de ses ieux de résidence, des endroits qu'ils fréquentent, les caractéristiques de ses voitures et leurs plaques d'immatriculation en El Salvador, au Honduras, au Costa Rica, en République dominicaine, au Guatemala et au Panama ; ainsi que les transcriptions de huit conversations de terroristes arrêtés à Cuba dans lesquelles ils révèlent leurs liens avec Posada Carriles.
Les fonctionnaires du FBI ont aussi reçu 60 folios contenant les fiches de quarante terroristes d'origine cubaine, dont la plupart vivent à Miami, y compris des renseignements concernant leurs coordonnées. Ils ont aussi emporté trois échantillons, de deux grammes chacun, de substances explosives utilisées dans les bombes désamorcées avant leur explosion à l'hôtel Meliá Cohíba le 30 avril 1997 et dans un microbus de tourisme le 19 octobre 1997, ainsi que de l'engin explosif saisi sur deux terroristes guatémaltèques le 4 mars 1998, Ils ont aussi reçu cinq cassettes vidéo et huit cassettes audio contenant des déclarations des terroristes centraméricains arrêtés pour avoir posé des bombes dans les hôtels : ils y révèlent leurs liens avec des organisations terroristes cubaines opérant aux USA, et en particulier avec Luis Posada Carriles. La partie étasunienne reconnaît la valeur de l'information reçue et s'engage à répondre au plus vite une fois analysés les documents et matériaux. Or, curieusement, le FBI laisse passer presque trois mois sans donner la réponse sérieuse promise. Juste quelques nouvelles sans importance.

12 septembre 1998.  Arrestation - faites bien attention : trois mois ne s'étaient même pas écoulés ! - de nos cinq compañeros, aujourd'hui Héros de la République de Cuba (applaudissements), qui, dépêchés à Miami, constituaient la principale source d'informations sur les activités terroristes contre notre pays.