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Evénements ayant conduit à l'arrestation des 5 - Révélations de Fidel Castro (discours du 20 mai 2003)
12 avril 1997. Explosion d'une bombe dans la discothèque Aché de l'hôtel Meliá Cohíba. C'est le premier d'une série d'attentats contre des hôtels réalisée par le réseau monté en Amérique centrale par Luis Posada Carriles et financée par la Fondation nationale cubano-américaine (FNCA). 30 avril 1997. Des forces spécialisées du ministère de l'Intérieur désamorcent une bombe découverte au quinzième étage de l'hôtel Meliá Cohíba. 12 juillet 1997. Deux explosions quasi simultanées aux hôtels Capri et Nacional. Quatre blessés. 4 août 1997. Explosion d'une bombe à l'hôtel Meliá Cohíba. 11 août 1997. Le Conseil d'administration de la Fondation nationale cubano-américaine publie un communiqué triomphaliste et cynique où il présente les explosions dans les hôtels comme « des incidents de rébellion interne se succédant dans l'île depuis plusieurs semaines. que la FNCA. soutient sans ambages ni réserves. » 4 septembre 1997. Explosions dans les hôtels Capocabana, Château et Triton, et au restaurant La Bodeguita del Medio. Le jeune touriste italien Fabio di Celmo perd la vie dans le premier attentat. Du 17 octobre 1992 au 30 avril 1997, les autorités cubaines avaient recensé treize graves actions de cette nature, visant tout spécialement les installations touristiques et financées dans leur quasi-totalité par la Fondation nationale cubano-américaine. Elles firent donc parvenir un rapport circonstancié au président des Etats-Unis par l'intermédiaire d'une personnalité politique éminente ayant réalisé une visite privée dans l'île début mai. Par ailleurs, elles avaient aussi adressé de nombreuses notes diplomatiques à l'administration étasunienne par l'intermédiaire de la Section des intérêts des USA (SINA) à La Havane. 1er octobre 1997. À 23 heures, Michael Kozak, chef de la SINA, téléphone au ministère cubain des Relations extérieures (MINREX) pour lui faire part d'une information en provenance d'un pays tiers selon laquelle un attentat à la bombe risquait d'être perpétré contre une installation touristique de La Havane, dans les prochaines vingt-quatre heures, soit le 1er ou le 2 octobre, qu'il n'avait pas été possible de confirmer cette information, mais qu'il souhaitait que les autorités cubaines la connaissent. 2 octobre 1997. Le MINREX convoque le chef de la SINA dans la matinée pour obtenir des précisions sur cette information et pour l'en remercier officiellement. 5 octobre 1997. Le MINREX convoque le chef de la SINA pour lui lire le message suivant et lui en remettre une copie : « En ce qui concerne l'information relative à un attentat éventuel dans une installation touristique de La Havane les 1er ou le 2 octobre, nous tenons à dire que, même si aucune explosion ne s'est produite, nous avons pu vérifier que ladite information était rigoureusement exacte et que ses caractéristiques étaient similaires à celles des attentats antérieurs. « Estimant que ceci peut être
intéressant et utile aux autorités
étasuniennes, nous tenons à vous informer que
la source qui l'a fournie s'est avérée
véridique. L'action s'est faite dans la plus grande
discrétion souhaitée. Nous vous en savons
gré. » 7 mars 1998. Le chef de la SINA demande à être reçu d'urgence au MINREX afin de faire parvenir une information sensible, provenant d'une source dont la véracité n'a pas été déterminée, selon laquelle un groupe d'exilés cubains se propose de réaliser un attentat à la bombe à Cuba entre le 7 et le 8 mars. Qu'elle ignorait le lieu, la date et l'objectif concrets, mais que les explosifs étaient déjà dans l'île. 9 mars 1998. Le ministre des Relation extérieures reçoit le chef de la SINA et lui lit la note ci-après : Au sujet de l'information verbale offerte samedi dernier, 7 mars, concernant des plans d'attentat terroristes organisés par des exilés cubains les 7 ou 8 mars courant, et le fait que les explosifs étaient déjà à Cuba, nous tenons à vous communiquer ce qui suit : 1. Il s'est
avéré une fois de plus que les sources
d'informations des autorités étasuniennes sur
ces activités étaient absolument dignes de
foi. 18 avril 1998. Compte tenu de ces échanges
positifs et ayant appris que l'écrivain Gabriel
García Márquez allait se rendre prochainement
aux USA et qu'il y rencontrerait William Clinton, qui, comme
bien d'autres personnes dans le monde, a lu et
apprécie ses livres et avec qui il avait
déjà eu des rencontres, j'ai
décidé de rédiger personnellement un
message au président des Etats-Unis. 9 mai 1998. John Boardman, chef p.i. de la
SINA, est reçu au MINREX. Il a reçu des
instructions, la veille au soir, de faire parvenir un
message à Alarcón et au ministère. Il
est incontestable que mon message était arrivé
le même jour ou avait eu les effets que « Gabo
» en attendait. Le chef p.i. informe donc : par une
voie qu'il ignore, le gouvernement cubain a fait savoir au
sien sa préoccupation justifiée que des
organisations installées aux Etats-Unis aient
l'intention de mener des actions terroristes contre Cuba,
notamment dans le domaine du tourisme et, tout
particulièrement, des actions contre des avions de
passagers ayant à bord des touristes se rendant
à Cuba ou en partant. Le gouvernement des Etats-Unis
tenait à donner la réponse suivante : 11 mai 1998. Remírez informe avoir
été convoqué au département
d'Etat pour une rencontre avec John Hamilton, qui lui a dit
ce qui suit : 2. Comme à d'autres occasions antérieures, ils ont pris au sérieux nos inquiétudes sur d'éventuels actes terroristes contre des installations touristiques et des avions. 3. Selon les vérifications faites par eux, aucune preuve n'indique l'existence de plans depuis les Etats-Unis. 4. Par le passé, face à nos allégations que des personnes ou des organisations, ou les deux à la fois, aux Etats-Unis pourraient être impliquées dans des actes terroristes contre Cuba, ils nous ont demandé des preuves pour pouvoir enquêter. 5. Ils tiennent à insister actuellement sur le sérieux de leur offre de mener des enquêtes et d'adopter des mesures appropriées face à toute preuve dont nous disposerions. Ce n'est pas une tentative de renvoyer la balle dans notre camp ni non plus une démarche simplement formelle. 6. Ils veulent sérieusement examiner avec nous toute preuve dont nous disposerions et en assurer le suivi jusqu'à éclaircissement. De notre côté, nous les avons remerciés de leur offre, les assurant que nous la ransmettrions à nos autorités et nous leur avons demandé si l'offre incluait la coopération entre les deux pays dans le cas d'une enquête éventuelle, ce à quoi Hamilton a répondu qu'il supposait qu'il en serait ainsi. Il a réitéré que l'offre était sérieuse et non une simple réponse diplomatique, ajoutant que le seul objectif de la réunion était celui-ci, du fait de son importance. 12 mai 1998. Le MINREX convoque le chef p.i. de la SINA et lui transmet la réponse suivante à la demande présentée le samedi 9 au nom du gouvernement des Etats-Unis. Rappelez-vous que l'entretien de Gabo à la Maison-Blanche a eu lieu le 6 : Nos informations sont très sûres, mais par des voies très sensibles à la divulgation des sources. Nous ne pouvons pas travailler comme vous le proposez. Nous nous félicitons de savoir que vous êtes sur le qui-vive et que vous prêtez attention à ce problème. Le chef p.i. de la SINA nous a remerciés de notre prompte réponse et a fait état de sa disposition à analyser toute information que nous estimerions appropriée sans compromettre la source. Le fonctionnaire qui l'accompagnait et qui avait été décrit comme chargé des questions relatives à l'application de la loi et aux questions de sécurité, est intervenu pour affirmer que son gouvernement va suivre de près cette question par toutes les voies possibles, à travers toutes ses agences et en contact avec les différents groupes. Et qu'il vérifierait aussi auprès de services d'autres pays. Il a commenté que « de nos jours, toute menace de cette nature est intolérable ».
20 mai 1998. Alarcón reçoit un appel téléphonique d'Hamilton depuis Washington, qui lui explique que cet appel personnel se doit à l'importance de la question et qu'il tient à lui affirmer ce qui suit : a.. Sur les risques d'actions terroristes contre des avions desservant Cuba : ils prennent très au sérieux l'information fournie par Cuba et ils adopteront des mesures de sécurité dans les avions partant des Etats-Unis. b.. Pour mener d'autres actions, ils auraient besoin d'analyser les preuves que nous possédons à Cuba. Ils sont prêts à dépêcher des experts à Cuba pour les analyser avec nous. c.. Avec les preuves reçues de nous, ils ne peuvent avertir d'autres pays d'où décollent aussi des avions vers Cuba. Au cas où nous ferions nous-mêmes ces avertissements, nous pouvons informer ces pays que les Etats-Unis seront disposés à envisager d'une manière rapide les demandes d'aide technique en vue de prévenir des incidents. 3 juin 1998. Michael Kozak, chef de la SINA,
s'entretient avec Alarcón. Il l'informe des
préparatifs concernant l'envoi à Cuba d'une
délégation du FBI et lui remet le texte que
les autorités étasuniennes pensent distribuer
aux compagnies aériennes afin que la partie cubaine
l'examine. Le texte est rédigé comme suit
: 4 juin 1998. Alarcón reçoit des instructions de répondre que la délégation peut venir à partir du 15. 5 juin 1998. Alarcón remet au chef de la
SINA la réponse cubaine ci-après, que j'avais
rédigée personnellement - je suivais la
question de près, bien entendu, dès le moment
où j'avais fait parvenir le message - à la
proposition de circulaire présentée par les
Etasuniens : [Ils avaient eu de toute façon l'amabilité, si l'on veut, ou la politesse élémentaire de nous consulter au sujet de cette circulaire, et nous leur avons donné notre point de vue.] À la réunion, le chef de la SINA affirme qu'il peut s'agir d'un malentendu par rapport au message initial (ils ont pensé qu'on leur demandait de faire ce genre d'avertissement) ou alors que les autorités aient pensé qu'il était de leur devoir de mettre en garde les lignes aériennes et de se protéger de réclamations éventuelles. Il a dit qu'il transmettrait la position cubaine à Washington et qu'il n'y aurait pas de circulaire. 6 juin 1998. Nouvelle réunion
d'Alarcón avec le chef de la SINA. Celui-ci remet un
message de son gouvernement en réponse au document
cubain remis la veille, qu'il lui avait lu auparavant au
téléphone et qui est rédigé
comme suit : 1. Le projet
d'avertissement remis à la partie cubaine est une
« circulaire d'information ». Les lois et
réglementations aéronautiques des Etats-Unis
exigent que l'on fournisse des circulaires d'informations
aux bureaux de sécurité intérieure des
lignes aériennes chaque fois que le gouvernement
étasunien a des informations crédibles
relatives à une menace éventuelle à
l'aviation. [Oui, l'information était crédible, tout à fait. Nous étions bien placés pour le savoir, comme l'ont prouvé les réponses que nous leur avons données et qui prouvaient pertinemment que les données qu'ils nous avaient fait parvenir étaient vraies, et que les auteurs de certaines actions étaient sous les verrous, même si d'autres avaient pu échapper.] 4. Compte tenu de la nature
de cette information, et de notre obligation de
coopérer avec d'autres pays pour prévenir des
attaques à l'aviation, nous continuons de croire
important que les lignes aériennes volant depuis
d'autres destinations et les gouvernements responsables
soient informés par vous-mêmes ou par
nous-mêmes. Si la Partie cubaine était en
mesure d'avancer la réunion d'experts pour le
début de la semaine prochaine (mardi ou mercredi, par
exemple), nous proposerions de faire ces notifications
après avoir eu l'occasion d'examiner l'information
avec elle. 5. Nous reconnaissons les points signalés par les autorités cubaines et nous nous efforçons d'éviter des entraves aux investigations et des dommages aux lignes aériennes et à l'économie cubaine. Nous respectons au maximum ces points dans le cadre de la discrétion limitée que nous offrent nos lois et églementations, et dans celui de la
priorité que nous accordons à la
prévention d'attaques à des avions de
passagers. Nous redisons que ces circulaires d'information
sont une simple routine, et que, d'après notre
expérience, même quand elles ont
été rendues publiques, elles n'ont pas eu de
retombées significatives ou durables sur le transport
aérien de passagers ou de marchandises. [Je dois
dire que les fonctionnaires étasuniens
répondaient à chacune des questions que nous
leur avions posées. Ces échanges se sont
déroulés, de mon point de vue, dans un climat
de bonne foi. Il n'y a pas eu de mauvaise foi. Nous sommes en désaccord. La publicité probable concernant cette information porte préjudice aux investigations, satisfait les terroristes et stimulent leurs plans contre l'économie cubaine. Nous ignorons et ne pouvons comprendre que des obligations légales puissent porter préjudice aux efforts consentis pour éviter des victimes humaines et des dommages matériels, alors qu'elles devraient les faciliter. La divulgation détaillée des procédés pouvant être utilisés pour commettre de tels actes constitue une erreur inqualifiable qui peut favoriser les plans de groupes terroristes actifs ou potentiels. [Nous ne voulions pas qu'ils publient cette circulaire, parce qu'ils fournissaient des renseignements techniques sur la façon de préparer des attentats !] Nous respectons les vues des autorités
étasuniennes, mais ne sommes pas d'accord avec la
façon dont on doit contrer ces activités,
lesquelles doivent être analysées à
partir de l'information disponible, avec le soin et la
profondeur nécessaires. [On comprend tout
clairement, maintenant. Il est incontestable que les
autorités étasuniennes craignaient un fait de
ce genre, un sabotage de ce genre se produise, et qu'on les
accuse ensuite d'avoir possédé l'information
et de ne pas l'avoir fait savoir aux compagnies
aériennes, même si ça n'aurait servi
absolument à rien, parce que les lignes
aériennes n'étaient pas en mesure
d'éviter un acte terroriste de cette nature, elles
n'avaient pas les moyens ni les antécédents ni
l'information nécessaires.] 8 juin 1998. L'Agence fédérale de l'aviation émet la circulaire. [Celle dont nous avons parlé, à peine deux jours plus tard.] 15 juin 1998. La délégation du FBI arrive à La Havane pour soutenir des contacts avec les autorités cubaines. 16-17 juin 1998. Plusieurs réunions
à La Havane entre experts cubains et fonctionnaires
du FBI sur la question des plans d'attentats terroristes. La
délégation du FBI reçoit une abondante
information documentaire et testimoniale. Celle-ci comprend
64 folios fournissant des éléments
d'enquêtes sur trente et un actes et plans terroristes
contre Cuba de 1990 à 1998. La Fondation nationale
cubano-américaine, impliquée dans la plupart
de ces actions, a organisé et financé les plus
dangeureuses, en particulier celles commises par la
structure terroriste que Luis Posada Carriles dirige en
Amérique centrale. Les documents remis incluent aussi
des listes détaillées et des photographies des
armements, des explosifs et des moyens saisis à
chaque opération. 51 folios contenant des
informations sur l'argent apporté par la FNCA
à différents groupes terroristes pour qu'ils
puissent réaliser des actions contre Cuba ; ainsi que
les enregistrements de quatorze conversations
téléphoniques de Luis Posada Carriles au cours
desquelles celui-ci informe d'actions terroristes contre
Cuba ; des informations permettant de localiser Posada
Carriles, telles que les adresses de ses ieux de
résidence, des endroits qu'ils fréquentent,
les caractéristiques de ses voitures et leurs plaques
d'immatriculation en El Salvador, au Honduras, au Costa
Rica, en République dominicaine, au Guatemala et au
Panama ; ainsi que les transcriptions de huit conversations
de terroristes arrêtés à Cuba dans
lesquelles ils révèlent leurs liens avec
Posada Carriles. 12 septembre 1998. Arrestation - faites bien attention : trois mois ne s'étaient même pas écoulés ! - de nos cinq compañeros, aujourd'hui Héros de la République de Cuba (applaudissements), qui, dépêchés à Miami, constituaient la principale source d'informations sur les activités terroristes contre notre pays. |